La louange des clochers

 

Pour la grâce et pour la beauté

Que vous répandez sur les terres ;

Pour l’âme que vous ajoutez

Aux sites les plus ordinaires ;

 

Pour le recueillement des toits

Groupés à vos pieds, et qui semblent

Un peuple qu’une même foi

Et qu’un amour commun rassemblent ;

 

Pour l’aube que vous pressentez

Avant que le monde l’ait vue,

Et pour les dernières clartés

Dont le jour qui meurt vous salue ;

 

Pour l’ombre de vous qui se meut

Par terre, lente et circulaire,

Comme l’ombre du doigt de Dieu

Marquant l’heure au cadran solaire ;

 

Pour les tons nuancés et beaux

Que le reflet des jours vous donne ;

Pour votre joie au renouveau,

Pour votre tristesse en automne ;

 

Pour tous ces dons, auxquels s’unit,

Ô clochers, votre vigilance

À garder quand le jour finit

Nos toits perdus dans l’ombre immense,

Soyez aimés, soyez bénis !

 

Louis MERCIER, Les pierres sacrées